Trois vies par semaine
Trois vies par semaine
Compte rendu de la séance de livre échange du 12 septembre 2024
Trois vies par semaine – Michel Bussi
Quelle imagination ! Telle est la première exclamation qui nous vient aux lèvres pour commencer à parler de ce récit.
La plupart des lecteurs et lectrices ont aimé le roman. C’est une histoire qui tient en haleine. On veut connaître la fin. Quelques autres ont moins apprécié. Ils devinaient les situations avant qu’elles ne soient décrites et ils avaient deviné la fin quelques chapitres avant. Ceux-là sont donc relativement déçu.
Qu’on ait aimé ou pas, les lecteurs et lectrices sont d’accord pour considérer que quelques situations sont invraisemblables voire rocambolesques. Par exemple le fait que l’une des conjointes se déplace précisément sur les lieux où habite une autre et qu’elle sauve sa fille, semble un peu tiré par les cheveux côté coïncidences. Et il y a quelques autres situations de ce style.
L’écriture est simple et fluide. Le récit tient en haleine le lecteur ce qui défini un roman à suspense. Toute le monde s’accorde sur cette qualité du livre.
Le paysage de l’histoire est l’univers de la marionnette et des marionnettistes. Plusieurs d’entre nous ont ainsi appris que Charleville était le centre mondial de la marionnette. Nous observons que les descriptions de ce monde des marionnettes sont très bien faites et dressent un tableau intéressant de ce domaine. On a envie d’aller à Charleville voir sur place comment ça marche.
Outre les marionnettes nous constatons que l’auteur connaît très bien cette région. Les descriptions de lieux sont précises et authentiques. C’est vrai pour la région de Charleville et cela l’est aussi pour l’Auvergne, Paris et les autres lieux où se déroule l’action. Cela dénote un important travail de recherche en amont de l’écriture du roman. Nous remarquons aussi que cette « authenticité » de la description des paysages était déjà notable dans d’autres romans du même auteur. Un avion sans elle est cité et a été adapté au cinéma.
Les personnages féminins sont des femmes de caractère, des personnalités. Les caractères nous paraissent bien décrits. Ainsi, par exemple Elea qui présente des symptômes d’autisme, est-elle bien relatée dans ses réactions, ses habitudes, ses impulsions et ses aversions. A partir de cet exemple nous avons des échanges autour de la question des autistes Asperger. Au cours de cette discussion, le film Rain man est mentionné ainsi que le livre de Daniel Tammet Je suis né un jour bleu. Le feuilleton HPI qui traite lui des enfants à haut potentiel est également mentionné.
Un passage a néanmoins dérangé plusieurs lectrices tant il leur semble incompréhensible. Dans la scène d’assaut de la caravane, à la fin du récit, Agnès, la maman, ne reconnaît pas ses fils. Ce comportement paraît complètement irrationnel. Cela fait partie des quelques situations invraisemblables mentionnées plus haut.
Revenant au début du roman, nous observons que l’histoire entre les personnages repose sur une série de viols. Ce sujet est toujours très choquant. Cependant nous n’approfondissons pas les échanges sur ce sujet.
Ces évènements sont survenus dans la Tchécoslovaquie de 1968. Nous discutons de cette période, des tensions internationales extrêmes et nous remontons même à 1962 et la crise des missile à Cuba. Des lectrices précisent néanmoins, que l’essentiel de l’histoire se déroule dans les années 1980 et
donc vers la fin de la période soviétique. Et la description de cette époque nous semble assez réaliste.
La discussion s’étend ensuite aux grands mouvements populaires comme celui qui a amené l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’URSS en 1968. La Pologne de Solidarnosc, la Tunisie et les soulèvements de 2010-2011, la révolution des oeillets au Portugal, sont cités. Tous n’ont pas connu des fins heureuses. Au cours de tous ces échanges au sujet de la politique internationale, deux livres ont été cités : La Chinafrique de Serge Michel et Michel Beuret, et La rose de Stalingrad de Valérie Benaïm et Jean-Claude Hallé.
La discussion évolue alors vers l’histoire et la politique françaises. Des personnes font remarquer que notre situation et nos gesticulations font rire dans un certain nombre de pays (Canada, Cuba, République Dominicaine, etc...). Il est utile et sain de prendre connaissance de la presse étrangère afin d’avoir une bonne idée de la perception qu’ont les autres pays sur nous. C’est salutaire et évite l’égocentrisme forcené qui nous caractérise.
De mots en mots, nous en venons à discuter de la politique nationale et de la situation nationale. Nos échanges durent jusqu’à ce qu’une personne émette l’impression suivante : « toute cette politique c’est du théâtre ». Alors aussitôt, une autre répond : « et nous sommes les marionnettes ». Ainsi revenons-nous au sujet du roman. Nous considérons que finalement, dans ce roman, l’aspect historique reste secondaire en ce qu’il n’influence que très peu l’action des personnages.
Des lecteurs et lectrices commentent la fin du roman au cours de laquelle le père est prêt à pardonner au fils tandis que les frères veulent absolument se venger. Il s’agit là encore – ce thème a déjà été abordé avec La petite boutique aux poisons et Attaquer la terre et le soleil – du thème du pardon et de la vengeance. Cependant, dans ce roman, l’auteur ne choisit pas entre les deux et développe à la fois l’un et l’autre, comme si les deux voies étaient vouées à l’échec.
En résumé, ce livre est une lecture distrayante mais qui ne laisse pas une impression inoubliable.
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