Doubles et masques

Il est assez singulier qu'au d©♭but de sa carri©·re de compositeur, Schumann ait ©♭crit plusieurs grands cycles rassemblant des pi©·ces g©♭n©♭ralement assez courtes, des sortes de vignettes durant parfois vingt secondes, parfois deux minutes, rarement plus. Ce sont les Papillons de 1831, le Carnaval de 1835 et les Davidsb©ơndlert©Þnze de 1837. Ces ouvrages ont souvent pour argument des oeuvres litt©♭raires, des caract©·res humains (en particulier ceux de Schumann lui-m©®me, partag©♭ entre Florestan et Eusebius), des humeurs violemment contrast©♭es - celles de Schumann encore, ou des personnages r©♭els et imaginaires desquels il s'entoure, comme Chopin, Paganini, Clara Wieck, la craquante domestique du vieux Wieck, Pantalon et Colombine, des jeux de lettres et de mots... Bref, tout un monde int©♭rieur et difficile ©  d©♭crypter pour qui ne conna©ʾt pas bien la vie de Schumann. Mais est-il n©♭cessaire d'avoir toutes ces clefs pour go©»ter cette musique ? Philippe Bianconi nous prouve que non ; le pianiste, Premier Prix du Concours de Cleveland, laur©♭at du Van Cliburn, s'attaque de nouveau ©  ces oeuvres de la premi©·re maturit©♭ de Schumann, il en a d©♭j©  enregistr©♭ certaines, difficiles d'acc©·s car d'apparence presque simple alors qu'il n'en est rien. Pari pleinement r©♭ussi...