Je vous présente Violette Toussaint. Savez-vous que les cimetières se gardent ? Les barrières oui, mais les cimetières ? Violette Toussaint était garde-barrière puis gardienne de cimetière, un métier qui peut sauver la vie, je l’ai découvert en lisant ce livre. 

Tout a mal commencé pour Violette : enfant née sous X, en quête perpétuelle d’amour, mère à son tour puis « désenfantée », Violette Toussaint n’a jamais eu le goût du malheur « j’ai décidé que ça ne durerait pas. Le malheur, il faut bien que ça s’arrête un jour. » 

Ce roman est l’histoire d’une gardienne de cimetière qui soigne les âmes des vivants comme des morts, pour se redresser et tenir debout à son tour. Amputée du cocon de l’enfance, elle rencontre finalement l’amour, en devenant femme, épouse puis mère. Violette boit le bonheur jusqu’à la moindre goutte. Puis, une nouvelle fois, la vie met sur sa route la violence de la perte, du deuil, du désamour, et la perte du goût de tout « J’ai été très malheureuse, anéantie, même. Inexistante. Vidée. J’ai été comme mes voisins de palier mais en pire. Mes fonctions vitales fonctionnaient mais sans moi à l’intérieur. Sans le poids de mon âme, qui pèse, paraît-il, que l’on soit gros ou maigre, grand ou petit, jeune ou vieux, vingt et un grammes. » 

Valérie Perrin écrit simplement mais directement. Elle donne vie à Violette avec humour et délicatesse. Violette devient notre amie, notre confidente. Chaque chapitre commence par une épitaphe. C’est un roman de personnages où l’on rentre, au fil des pages, dans l’intimité de Philippe, le mari de Violette, un écorché vif ; Sasha le jardinier, médecin des plantes et des corps, Irène et Gabriel victimes d’un amour impossible sur la terre, mais réunis pour l’éternité. La profondeur de ces personnages nous raconte finement la complexité des âmes humaines, ce qui nous contamine subtilement. 

J’ai aimé la simplicité du style de ce roman et la profonde humanité des personnages. C’est un roman que j’ai eu envie de retrouver chaque soir, pour faire la route avec Violette, et essayer de comprendre, tenir, savoir, questionner et surtout pour ne jamais cesser d’aimer. Le jour où l’on ose changer l’eau des fleurs, la lumière peut s’installer et nous réchauffer tranquillement.